Microplastiques en Méditerranée : une mer saturée de plastique invisible

Microplastiques en Méditerranée : une mer saturée de plastique invisible

La Méditerranée est l’une des mers les plus belles et les plus riches du monde. Mais derrière ses eaux turquoise et ses paysages de carte postale se cache une réalité inquiétante : elle est aussi l’une des plus polluées de la planète. Chaque année, près de 17 600 tonnes de plastiques y sont déversées. Une fois entrés, ces déchets y restent prisonniers, car la mer est presque fermée.

Nous avons récupéré notre tant attendu MaJoCo (qui ne porte pas encore ce nom là mais on l'appelle comme ça) en Corse, pour le prendre en main et commencer à le remonter vers Saint-Malo.

La Méditerranée est vraiment magnifique, avec son eau d'un bleu si profond qu'on ne trouve nul part ailleurs. Durant ces quelques jours entre le Sud de la Corse et le Sud de la France, avec une traversée entre ces 2 points, nous n'avons pas vu tant de pollution ni de déchets que ça.

Quelques plastiques qui flottent ou au fond, quelques morceaux de métals abandonnés qui se cachent entre les rochers, quelques plastiques qui flottent entre 2 eaux. Mais globalement, dans les coins où nous sommes passés, pas de grosse pollution, apparement...

On y a vu de la Posidonie, des poissons de toutes sortes, une murène, des crabes, une tortue marine, et les yeux de mes enfants émerveillés.

Malheureusement, et même si cela ne se voit pas au premier abord, la Mer Méditerranée est l’une des plus polluées de la planète.

Chaque année, près de 17 600 tonnes de plastiques y sont déversées. Une fois entrés, ces déchets y restent prisonniers, car la mer est presque fermée.

Ce qui inquiète particulièrement aujourd’hui, ce n’est pas seulement ce que l’on voit sur les plages ou flottant à la surface : ce sont les microplastiques, ces fragments de moins de 5 mm qui colonisent toute la colonne d’eau, les fonds marins… et les organismes vivants.

D’où viennent les microplastiques ?

Les microplastiques ont deux origines principales :

  1. Les microplastiques primaires : déjà produits à petite taille (fibres textiles synthétiques, microbilles de cosmétiques, granulés industriels).

  2. Les plastiques secondaires : sacs, bouteilles, filets de pêche, emballages qui se dégradent sous l’effet du soleil, du sel et des vagues.

Une fois libérés, ils voyagent avec les courants, s’accumulent dans certaines zones et finissent par être ingérés par la faune marine.

Une concentration record en Méditerranée

Les chiffres sont alarmants :

  1. La Méditerranée contiendrait entre 1 000 et 3 000 tonnes de plastiques flottants.

  2. Dans certains “points chauds”, les chercheurs ont mesuré jusqu’à 1,9 million de particules par m² sur les fonds marins.

  3. Des modèles récents montrent que 20 % du plastique se concentre dans seulement 1 % de la surface du bassin, créant de véritables “corridors plastiques”.

Autrement dit : la Méditerranée est une usine à microplastiques, et ces particules sont partout.

Ses eaux concentrent même jusqu'à 4 fois plus de microplastiques au kilomètre carré que le "7ème Continent", cette soupe de déchets flottants dans le Pacifique.

Quels impacts sur la biodiversité ?

Les microplastiques sont ingérés par une grande variété d’organismes :

  1. Poissons et invertébrés : les fragments obstruent leur système digestif, provoquent des lésions, réduisent leur appétit.

  2. Tortues et oiseaux marins : ils confondent sacs et morceaux de plastique avec des méduses ou poissons.

  3. Filtres naturels (moules, huîtres, plancton) : ils accumulent ces particules et les transmettent à toute la chaîne alimentaire.

Le danger ne vient pas uniquement du plastique lui-même, mais aussi des substances chimiques qu’il transporte (polluants persistants, métaux lourds, perturbateurs endocriniens). Ces contaminants se retrouvent ensuite jusque dans nos assiettes, dans notre corps, et ont même un impact sur notre ADN.

Et pour l’homme ?

Les chercheurs ont déjà retrouvé des microplastiques :

  1. dans l’eau potable,

  2. dans le sel de table,

  3. dans le sang humain.

Si les conséquences sanitaires restent encore à évaluer, les premières études pointent des risques liés à l’inflammation, au stress cellulaire et à l’accumulation de substances toxiques.

La pollution plastique n’est donc pas seulement un problème pour la faune marine : elle nous concerne directement.

Quelles sont les solutions ?

Face à ce fléau, plusieurs pistes existent :

  1. Agir à la source : réduire la production et l’usage des plastiques à usage unique.

  2. Améliorer le recyclage et la gestion des déchets dans les pays riverains.

  3. Cibler les hotspots : les modèles montrent que certaines zones concentrent la majorité des plastiques — elles pourraient être prioritaires pour la collecte.

  4. Surveiller et comprendre : grâce à des outils scientifiques comme les échantillonneurs de microplastiques, il est possible de mieux documenter et alerter.

Un laboratoire grandeur nature

La Méditerranée n’est pas seulement un espace en crise : c’est aussi un laboratoire mondial pour comprendre l’avenir des océans. Si nous n’agissons pas, ce qui s’y joue aujourd’hui préfigure ce qui attend d’autres mers et océans.

C’est pourquoi le Club des 5 Océans veut mettre en lumière cette pollution lors de son expédition : en observant, en collectant, en racontant.

Pour sensibiliser, mais aussi pour montrer que des solutions existent.

La Méditerranée concentre certains des niveaux de microplastiques les plus élevés du monde. Invisibles mais omniprésents, ces particules menacent la faune, la flore… et l’homme. Les comprendre et les réduire est un enjeu urgent pour préserver la “Mare Nostrum”.

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